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Peinture de l'instant
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8 mai 2014

Les réverbères... un lumineux message de Stéphane, de la Fond Blanche... à lire, relire, et laisser rayonner...

À nos amis, parents et relations,

 

Depuis la dernière lettre que je vous ai envoyée, il s'est passé du temps.

Un peu de temps. En tout cas suffisamment pour faire sécher l'encre de ma plume.

Arriver sur un lieu, prendre le temps de s'y accorder, prendre le temps de poser son énergie personnelle, c'est un long travail de discussion. Discussion avec le lieu, l'esprit du lieu et les habitants. C'est ce que nous avons vécu et que nous vivons encore avec notre déménagement à la Font Blanche.

 

Depuis quelques semaines, je suis encouragé à faire un pas de plus. Un esprit de plante, l'esprit du cassis, est venu me donner quelques indications sur les plantations que je faisais. Car je fais dorénavant le jardin en écoutant un peu plus les plantes et l’esprit des plantes. Comme je suis assez malentendant, à la place de me guider, les esprits des plantes me laissent faire et viennent rectifier certains gestes ou attitudes. Ils s'expriment avec douceur et bienveillance. Et pourtant, il émane tant de force et de puissance dans leurs présences. Je ne suis pas obligé ni contraint. Ce sont juste des propositions de réajustement. Cela influe sur mes actes au jardin et aussi sur la qualité de mon attention.

 

Cet apprentissage du jardin avec cette collaboration est une réelle thérapie pour moi. J'apprends un peu plus à oeuvrer avec les forces invisibles qui nous entourent.

 

Je continue à être cueilleur nomade quand l'appel se fait sentir (et cet appel monte avec les forces printanières qui vibrent dans les arbres). Mais c'est nouveau pour moi de prendre soin d'un bout de terre avec autant d'attention. C'est une occasion de manifester cet amour qui me traverse. Car l'amour nous traverse en permanence. Au même titre que nous respirons et que l'air va alimenter chaque cellule de notre corps, l'amour apporte sa lumière dans chaque parcelle de notre être. À chaque instant. Alors nous sommes comme des lumières dans le monde. Des sortes de réverbères.

Nous brillons parce que nous savons que nous sommes des lumières. Il y a un Allumeur de Réverbères qui passe régulièrement raviver notre flamme. Nous pouvons briller toute la journée. Car l'énergie qui est donnée chaque jour émane d’une source illimitée.

Comme un réverbère, il ne s'agit pas de chercher à briller. Il s'agit juste de briller. La mèche en nous repose dans notre coeur. C'est-à-dire que nos actes portés par notre bienveillance , par une bienveillance universelle que notre coeur aimant reconnaît, ces actes et attitudes sont notre façon de briller. Il n'y a rien à forcer.

Parfois, l'Allumeur de réverbères vient nous rappeler à cette simplicité. En nous permettant d'observer un bel acte dans le monde : un geste doux, un rire, un regard bienveillant... Il nous rappelle à la simplicité. Car le réverbère ne reçoit pas forcément la lumière qu'il émet. Il ne la perçoit pas. Il est difficile de percevoir l'amour qui nous habite. Si c'était une flamme qui nous était donnée, elle nous consumerait. Il nous est donné l'énergie qui alimente la flamme. Un peu comme si notre sang était chargé de combustible. Et c'est le cas. Notre sang est chargé de lumière et d'amour.

Le réverbère ne s'embrase pas. Il laisse émaner la lumière.

Il ne cherche pas à éclairer tout le monde. Il éclaire à sa place, autour de lui. Il éclaire le monde en éclairant ce qui est à sa portée.

Le réverbère ne lutte pas contre les ténèbres. Il leurs apporte la lumière.

Le réverbère ne regarde pas la flamme. Il regarde la lumière qui éclaire ce qui l'entoure. Il regarde le monde en sachant que celui-ci est éclairé.

 

S'il y a l'Allumeur de réverbères qui veille sur le monde, malgré cette énergie inépuisable qui est donnée, c'est parce qu'il y a aussi l’Éteigneur de réverbères. Autant l'Allumeur de réverbères est beau, lumineux et empli de grâce, autant l'Eteigneur de réverbères est petit, sournois et revêt différentes formes. C’est un  expert en déguisement.

L'Éteigneur de réverbères passe dans le monde pour insuffler la peur. En insufflant la peur, certains réverbères brillent moins, s’éteignent parfois et ne se rallument plus. Certains parmi nous meurent sans avoir retrouvé la lumière.

Il est si malin et si sournois qu'il arrive à ses fins sans qu'on le remarque la plupart du temps. Car il reste tapi dans l'ombre. Il se déplace d’une ombre à l'autre. Alors la plus grande peur que nous avons, c'est la peur de briller. Briller est naturel. Nous avons peur de briller, de laisser s'exprimer l'amour de façon permanente, car nous oublions que l'Allumeur de réverbères veille sur nous.

Briller, ce n'est pas exceller de façon sociale. Car la lumière ne connaît pas l'échelle sociale. La lumière ne connaît pas l'argent non plus. Atteindre une position sociale élevée ou un salaire important n'est pas briller. Nous pouvons briller quels que soient nos salaires ou notre position sociale.

Briller c'est que depuis notre place, dans les conditions de vie qui sont les nôtres, nous nous entraînons à laisser l'amour se manifester à travers nous. À travers nos actes et nos attitudes. C’est à la fois notre plus bel acte à offrir au monde et une de nos plus grande peur. Car cela fait peur bien souvent. Comme si nous risquions d’en souffrir.

C'est là que l'Éteigneur de réverbères est si adroit. « Tu vas souffrir », « tu vas réouvrir des blessures », « tu n'es pas digne »... il se glisse discrètement dans l'ombre.

Il n’éteint pas la lumière en soufflant dessus. Il éteint car la lumière ose de moins en moins brûler.

« Je ne sais pas quoi faire de ma vie », « je me sens seul », « mon couple est un désastre »... Le réverbère frémit de sa présence.

Mis en lumière, il est démasqué. Il ressemble à un vilain lutin peureux avec un grand nez où se niche une verrue impressionnante. Ses yeux sont particulièrement gros car il vit dans l'ombre. Il porte une lampe tempête éteinte dans sa main droite. Il est presque ridicule dans son accoutrement de haillons et son grand bonnet. Et surtout c’est un grand peureux. Dès que la lumière croît, il recule. Il a peur qu'elle le consume. Pourtant, la lumière l'aime. S'il se laissait au moins toucher une fois par la lumière, il verrait disparaitre ses vilains traits. Seule l'apparence fondrait pour laisser émaner ce beau lutin qu'il était jadis. Mais il a oublié. Il s'est perdu dans sa folie. Il s'est perdu dans ses pensées. Il s'est forgé des croyances et il erre dans l'ombre.

En fait, il n'y a pas d'Éteigneur de réverbères. Il y a juste un petit être perdu qui a peur de la lumière et qui distille sa peur dans le monde.

 

Il y a peu de temps, je visitai un ami et quelqu'un vint  nous rejoindre. Il me demanda ce que je faisais dans la vie. En quelques mots, j'essayai de lui donner un aperçu de mes activités. Il me répondit : « en fait, vous priez, vous méditez, vous cueillez, vous jardinez... vous faites un peu tout et rien... »

Sur l'instant, je pris cela comme une gifle quand il finit sa phrase sur le « rien » en point d'orgue. La colère est montée. J'allais me justifier mais j'ai senti dans la pièce le ricanement étouffé de l'Éteigneur de réverbères. Il avait inspiré cette insignifiante affirmation qui avait eu tant d’effet sur moi. Ses yeux s'écarquillaient de voir ma flamme se réduire. Car dans nos colères, la flamme jaune brillante se réduit et devient rouge et brûlante. Elle n'éclaire plus le monde, elle consume l'air.

Ma flamme virait du jaune clair au orange. Presque rouge. J’observais ma flamme se réduire et changer de couleur. Il se délectait de la scène. J'observais ce qui se passait en moi. Je démasquais le jeu. Le calme revint instantanément. « Vous avez raison » répondis-je calmement. Et je sirotai mon verre de jus de pomme.

Avec l'apaisement, la lumière jaillit encore plus fort. Il recula en gémissant et partit dans les escaliers en continuant de geindre.

Un peu plus tard dans la soirée, l'Allumeur de réverbères passa pour voir si tout allait bien en moi. Si la surchauffe n'avait pas endommagé la mèche. Pas de dégâts, rien à réparer.

Il est reparti dans sa longue tunique blanche, avec son long bâton où brille au bout une chandelle. Plus il s'éloignait, plus la lumière semblait grossir de sa flamme. Quand il fut au loin, il n'était plus qu'une grosse boule de lumière.

 

Mes amis, parents et relations, nous sommes tous des réverbères. Si nous laissons notre lumière rayonner, nous offrons un cadeau d'amour au monde et aussi à l'Éteigneur de réverbères. Car il lui suffit juste d'un rai de lumière, un instant furtif, et il retrouvera son apparence normale. Beau et joyeux, s'il passe près de vous, le plus beau cadeau que vous ayez à lui faire, le plus beau cadeau que vous ayez à offrir à la peur ou à la colère, c'est un peu d'amour et de lumière. Nous ne sommes pas la peur, nous ne sommes pas la colère. Nous ne sommes pas non plus l'amour ou la lumière. Nous sommes peut-être juste des êtres faits pour l'amour et la lumière. Nous sommes des réverbères.

 

Stéphane

 

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